Chapeau melon & Bottes de cuir
« Voici nos prix, 120 livres pour la nuit, nous espérons que vous passerez une agréable soirée chez nous. » Une jeune femme vêtue d’une robe de velours noir munie d’une cape de la même teinte demeurait indifférente au charme du bel homme qui se tenait derrière le comptoir. En effet, il portait la coupe brune mi- longue à merveille et semblait entretenir son corps pendant ses jours de congé. Son sourire denté blanc immaculé reflétait le nombre d’amantes qui lui passaient sur le corps ; sa façon de relever les sourcils lorsque la jolie petite –très petite- brune avait franchi le seuil le trahissait également. Le visage glacé de la cliente demeurait de marbre si bien qu’elle finit par rompre le silence qui commençait à peser.
« Je crains m’attarder en ces lieux, paysan, l’endroit me déplaît fortement, sans compter le prix. En attendant, je vous prierais d’interrompre vos fantasmes sur ma personne et de ne pas trop délaisser votre femme. Que c’est vilain de votre part d’ôter votre alliance, si si, regardez bien, la marque de bronzage sur votre annulaire. De plus, de par votre manque certain d’intelligence et de perspicacité, vous auriez remarqué que votre dite femme se trouve ici même dans ce hall, à épier vos journées bien remplies. Vous savez, vos si belles journées dans les chambres, à « nettoyer » avec quelques clientEs de passage. »
Abasourdi par ce qu’il venait d’entendre, le réceptionniste étouffa un cri de surprise lorsque la femme qui se tenait encapuchonnée s’était dévêtue. La réaction du mari était si flagrante que deviner qui était-ce devint un jeu d’enfant pour le reste des personnes dans le hall. S’en suivit une immanquable querelle, ou plutôt une véhémente scène de ménage, puis celle qui les avait démasqués tourna les talons et marcha vers la sortie.
« Lamentable... ou pitoyable, au choix. »
Un soupir, un regard las au menaçant ciel gris puis un vol de parapluie. Furtive et discrète, le pauvre cocher n’avait sans doute pas remarqué que l’infidèle parapluie sur son avant bras avait disparu pour abriter la jolie nordique. Elle ouvrit son parapluie alors qu’il ne pleuvait pas une goutte si bien que les passants la regardaient drôlement. Quelques secondes plus tard, c’était l’averse. Pour la première fois depuis le début de la matinée, elle ricana en lançant un regard vers les toits au dessus d’elle. Mais que regardait-elle ? Aucune idée pour un pauvre petit narrateur tel que moi.
Une autre question se posait. La jeune femme semblait ne pas être de passage, de par ses manières habituées, puis elle ne portait aucun bagage. Alors pourquoi cherchait-elle un logement en hôtel ? …Eh bien je vais cesser d’être au point de vue externe pour m’adapter à l’omniscient car c’est fichtrement agaçant d’attendre que tout se passe pour le décrire. Donc, je disais, cette jeune femme ne VOULAIT pas rentrer chez elle. Cependant, après les huit hôtels qu’elle venait de parcourir dans la matinée, son humeur et ses jambes alourdies tendaient à rentrer ; cruel manque d’exercice ces temps-ci.
Le petit oiseau noir s’engagea enfin dans la rue de Baker Street après avoir fait tout Westminster, le Soho ainsi que tout le West End.
Sa petite main aux doigts de pianiste saisit la poignée du 221b puis elle s’engouffra dans l’appartement. Au rez de chaussée vivait sa locataire, l’adorable mais un peu trop bonne Mrs Hudson tandis que la brune aux yeux d’argent vivait à l’étage. Elle s’assit un instant dans le salon de sa locataire qui venait de lui ouvrir avec un air affolé. Affolé ? La bonne femme commença de sa voix saccadée de personne bouleversée.
« Oh, Seraphiel, je vous en prie, allez lui parler... Je viens de monter à l'étage. La fumée ressort d'en dessous de la porte! Je me demande s'il n'est pas mort depuis le temps... Cela fait maintenant trois jours que je n'ai même pas entendu le plancher craquer dans sa chambre. »
Seraphiel soupira bruyamment. Ce qu’il pouvait être agaçant ce Sherlock Holmes ! Sûrement le pire colocataire de tout Londres ! Mais ne vous en faites pas, Seraphiel lui rendait bien la pareille. Elle répondit d’un ton las à sa locataire puis se décida enfin à monter. En effet, si la jeune femme cherchait un hôtel pour les prochains jours, c’est que, malgré ses airs indifférents, elle n’en pouvait plus de ce fumoir doublé de porcherie. Mrs Hudson aurait pu faire le ménage, mais avait bien trop peur de la caverne maudite.
Fatiguée, elle monta afin de faire quelque chose pour changer la situation.
PAN !!
Hum, on aurait dit que Sherlock l’avait fait avant. Mrs Hudson failli la crise cardiaque tandis que le voisin hurlait à pleins poumons. Seraphiel écrasa son visage dans sa main et monta tout aussi paresseusement l’escalier. Arrivée devant sa porte, elle y tourna les clefs et pénétra dans une immondice innommable. Ses yeux argentés en pleuraient tant il y avait de fumée. Elle persévéra jusqu’à la double fenêtre qu’elle ouvrit d’un grand coup afin que la fumée s’y échappe – pourvu que les gens ne croient pas un incendie. L’air redevenu presque vivable, les gouttes d’eau mouillant le plancher, Seraphiel pouvait maintenant s’attaquer à l’Antre.
« Cryo, rentre donc ou tu finiras par ressembler à un cadavre dans la chaussée… »
Une grande panthère noire aux reflets violets passa la fenêtre après s’être ébrouée. Elle ouvrit la bouche et parla calmement.
« J’y comptais bien, mais la douche de ce matin était fort plaisante, je comptais me toiletter intégralement.
- Ca attendra, défonce moi cette porte.
- Et qui la réparera ? »
Il soupira à l’égal de sa maîtresse. Ce regard qu’elle avait lancé à sa répartie était presque tordante tant elle semblait signifier « mais qui s’en fout bordel ? ». Il exécuta les ordres et explosa la porte du détective. Le noir y régnait, Seraphiel vit le revolver sur le sol, une main pendante au dessus. Mrs Hudson qui était montée, s’évanouit cette fois-ci et Cryophalis l’installa sur le canapé après l’avoir débarrassé de toutes les paperasses. Seraphiel pénétra l’Antre, telle une valeureuse aventurière en quête de péripéties palpitantes.
Un corps allongé sur le dos, voilà ce qu’elle voyait.
Et pourtant, ne cillait pas. Elle s’accroupit près du lit et railla.
« Lève toi bougre d’idiot, t’as failli tuer Mrs Hudson avec tes sottises. Tu es bien trop fier pour mettre fin à tes jours, ce n’est pas à moi que tu vas faire gober tes caprices. »
Regardant le visage pâle de son colocataire, elle vit le petit filet de sang couler de sa lèvre. Bien joué le vieux, on y aurait presque cru. Mais elle savait bien que c’état de rire dont Sherlock aurait pu mourir. Seraphiel sortit un mouchoir de sa poche et s’approcha du détective avec un geste presque… affectueux ?
… *narratrice morte de rire, « ah Lilith… »*
Soudain, elle empoigna le col de Sherlock, et lui mis un bon poing dans la gueule. Ravie, elle se leva d’un bond et alla se placer derrière son dragon – car oui, Cryo est un dragon - afin de prévenir les éventuelles représailles. Si avec ça il ne se relevait pas, Seraphiel laisserait Mrs Hudson appeler la morgue.
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Désolée du temps que j'ai mis, la gastro m'a clouée au lit ! XD
Voici donc, j'espère que ce n'est pas trop pourri... @___@
C'est un peu long, mais c'est a mise en jambes ! 8D